GRAND PRIX DES ETATS-UNIS D'AMERIQUE - Lewis Hamilton (Mercedes) a surfé sur les succès cette saison malgré la difficulté de drames comme la mort de Niki Lauda ou de celle du jeune pilote Anthoine Hubert. Pour tout cela, avancer dans le seul but d'égaler les sept titres de Michael Schumacher serait une erreur selon lui.
L'instant est d'une authenticité rare. Les félicitations peuvent être convenues, mais dans la cool room où les pilotes se posent pour reprendre leur souffle avant le cérémonial du podium, Sebastian Vettel est déjà là lorsque Lewis Hamilton arrive. L'Allemand est ému à l'instant de congratuler le Britannique pour son sixième titre. Il a beau n'avoir jamais été dans la course au sacre cette année, cela ne l'empêche pas d'éprouver le besoin de rendre hommage au pilote de Mercedes.
Le paddock se répand et chez Ferrari, on est sacrément beau joueur. Charles Leclerc estime que "le meilleur a gagné" et le directeur de la Scuderia, Mattia Binotto, confie que l'Anglais est à "prendre comme exemple".
Pas encore au bout d'une saison épuisante à 21 Grands Prix, Lewis Hamilton a fait preuve d'un engagement sans faille, et c'est cela qui l'a distingué des autres. Il peut savourer son parcours et celui des siens. Il a remporté six des huit premières courses avant de connaître un été plus compliqué. Puis de subir de plein fouet le retour au premier plan de Ferrari après le break estival.
A Austin, il a d'ailleurs enregistré son huitième échec consécutif en qualification, un fait sans précédent depuis 2013.
Depuis le Grand Prix de Hongrie, il a dû user de stratégie pour continuer de gagner, parfois déjouer les pronostics car il n'a pas toujours attaqué les courses avec l'étiquette de favori. Sa course au Circuit des Amériques en a apporté une nouvelle illustration, dimanche.
Cinquième sur la grille de départ, il a refusé une première fois de stopper dans la foulée de Valtteri Bottas, qui a réagi à l'appel au stand de Red Bull. Dans le dernier tiers de l'épreuve, il a opposé une fin de non-recevoir à la proposition de Mercedes de stopper une seconde fois pour assurer la deuxième place. Sa première place était en danger depuis longtemps, mais il ne regrette rien. Il s'est fait reprendre à moins de cinq tours du drapeau à damier mais ça ne gâche pas la fête.
"On ne sait jamais ce qui peut se passer demain"
"Cela a été une année difficile pour notre équipe, vous n'imaginez pas à quel point", a expliqué le sextuple champion du monde. "Je pense bien sûr à Niki Lauda, qui m'a aidé à rejoindre l'équipe. Cela n'aurait pas été possible sans lui." Le triple champion du monde, disparu en mai dernier, l'a fait venir chez Mercedes, en 2013, et même si déjà, luttant pour vivre après une transplantation pulmonaire, il n'a pas accompagné l'équipe sur les circuits cette saison, ce titre est marqué de son sceau.
Pour Lewis Hamilton, cette nouvelle couronne n'est pas une fin en soi. Il est une récompense offerte au sportif qu'il est, sans garantie de lendemain. "Cela prend longtemps pour dominer un sujet et j'ai l'impression que j'ai encore des choses à apprendre", poursuit le pilote qui à 34 ans a 13 saisons de championnat du monde au compteur.
La comparaison avec le palmarès est inévitable mais elle n'est pas pertinente, pour l'heure. "Je ne vais pas y penser maintenant et je veux profiter de l'instant car on ne sait jamais ce qui peut se passer demain", dit-il. "J'ai toujours dit qu'atteindre le record de Michael n'est pas un objectif. Je ne suis pas omnubilé par les records et ce genre de choses. J'ai longtemps pensé que c'était très loin et maintenant, même si c'est très proche, cela me semble toujours très loin."
Et puis, l'accident du l'espoir français Anthoine Hubert, lors d'une course de Formule 2 fin à Spa-Francorchamps, a rappelé que chaque pilote est quelque part en sursis.
Dans cet instant privilégié qu'il vit dans le paddock texan, ce temps apaisé loin des polémiques qui peuvent surgir à tout instant par maladresse, comme ses préoccupations environnementales moquées récemment car en contradiction avec son statut de globe-trotter, l'hyperactif des réseaux sociaux et l'adepte de la pensée positive qu'il est rappelle qu'il a "toujours des forces qui essaient de vous tirer le bas".
"Je suis reconnaissant à ce sport pour m'avoir apporté tant de choses et je lui suis reconnaissant d'être dans la position où je suis aujourd'hui. Et ce n'est pas fini, a-t-il souligné.
Mon père m'a dit quand j'avais six ou sept ans de ne jamais baisser les bras et c'est la devise de la famille.
Je ne sais pas pour les championnats, mais en tant qu'athlète, je me sens aussi frais que jamais.
Je suis prêt pour la prochaine course.
On essaiera de faire mieux."