Une coopérative de femmes burkinabè s’est lancée dans la conception d’une protection hygiénique écologique. Zoom sur le Protect Paga Period.
Oubliez la cup (coupe menstruelle), trop contraignante à utiliser en Afrique, surtout dans les zones rurales où l’eau potable se fait rare. Quant à la méthode du flux instinctif libre, elle nécessite une connaissance de son corps et une éducation au cycle menstruel avant de pouvoir être appliquée sans incident.
Aussi, pour remédier à l’absence de moyens sanitaires et de protections hygiéniques (souvent très coûteuses), le Protect Paga Period (P3) emmené par une coopérative de femmes spécialisée dans l’art du recyclage, a récemment vu le jour dans la ville d’Ouahigouya, au nord du Burkina, grâce au soutien de l’association Movement France.
C’est aussi pour en finir avec la stigmatisation des règles que le projet a été lancé. Et pour cause, souvent incomprises et isolées, la majorité des jeunes filles abandonnent le chemin de l’école. Quand ces dernières n’ont pas recours à des protections DIY qui mettent en péril leur santé, comme les torchons, feuilles et autres morceaux de papiers journaux.
« Nous utilisons des matières présentes localement, comme la serviette éponge en coton et le wax », précise Gaëlle Nougarede, diplômée en développement durable et en environnement, présidente de Movement France. Et de poursuivre : « Nous avons une matière que nous collectons en France pour la partie étanche, notre petit secret de fabrication ».
Mais sur le long terme, nous ne voulons plus être dépendants de matières non disponibles au Burkina, notre projet étant destiné aux femmes burkinabè. En outre, étant également dans la phase de lancement, il n’est pour l’heure pas possible – et certainement compliqué – de travailler avec des matières bio », concède-t-elle. Le prix de vente est en effet adapté au marché économique local, sans faire l’impasse sur la qualité de réalisation et l’utilisation de matières respectables. Le projet se veut éthique et équitable pour les artisanes qui confectionnent les serviettes. Dans l’atelier, ce sont une dizaine de femmes – et huit supplémentaires qui seront embauchées à terme – qui s’attellent à former d’autres femmes sur l’utilisation et la fabrication de serviettes hygiéniques lavables.
Pour lutter contre la précarité menstruelle, le Project Paga Protect a pour ambition de répondre à trois objectifs : l’accès aux soins, la sensibilisation – la majorité des femmes manquent d’éducation sur la question des règles – et la formation.
Un kit bientôt disponible
Renfermé dans une jolie pochette en plastique recyclé cousue de tissus wax, le kit se compose de deux serviettes hygiéniques lavables pour le jour avec inserts et d’une serviette hygiénique lavable pour la nuit. Un flyer descriptif et explicatif de la méthode d’utilisation et de lavage est intégré au kit.
Les kits seront présentés dans des lycées de jeunes filles et dans des villages avec la collaboration de centres de soins, planning familiaux et associations locales. L’objectif : échanger autour des règles et apporter une solution durable, éthique et hygiénique.
Selon les initiatrices du projet, le kit permettra de :
– diminuer le taux d’absentéisme des jeunes filles à l’école et des femmes au travail
– réduire des problèmes d’infection liées à l’utilisation de moyens hygiéniques non « conformes »
– apporter une solution économique
– diminuer la pollution dans l’environnement
– de créer des emplois durables
– de soutenir les femmes dans leur autonomisation
Les kits sont disponibles en envoyant un mail à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ou via la page Facebook du projet, au prix de 15 000 Francs CFA l’unité composés de deux serviettes hygiéniques lavables de jour avec leur insert, 1 serviette hygiénique de nuit et son mode d’emploi, le tout dans un pochon recyclé P3.