La galère des transports en commun
Je n’ai pas de voiture.
Alors, en attendant de m’acheter ma petite voiture sport dont le modèle est bien calé dans un coin de ma tête, je me rendais au travail en woro-woro. C’était une véritable épreuve. Non seulement, il faut se lever tôt, tout ça pour parfois se retrouver coincée à 3 à l’arrière sur des places faites pour 2 et enfin, rien ne garantit que vous arriverez à bon port, les pannes ne prévenant pas. Donc, quand la SOTRA a enfin ouvert la ligne qui relie mon quartier à mon lieu de travail, j’ai sauté de joie.
« UN MOIS APRÈS, J’APPELAIS LE CHAUFFEUR PAR SON PRÉNOM. »
Alors, tous les matins je me rendais à l’arrêt le plus proche de chez moi. Au bout de quelques semaines, j’ai remarqué que presque les mêmes personnes étaient à mon arrêt. Dans un coin de ma tête, j’ai pensé que ça faisait presque ramassage scolaire. La durée du trajet était toujours imprévisible, vous savez ce que c’est les embouteillages à Abidjan mais au moins j’étais à l’aise. Un mois après, j’appelais le chauffeur par son prénom. Puis, je suis tombée malade peu avant les fêtes. J’avais un palu. Quand je suis revenue, un jeune homme est sorti du rang et m’a demandé où j’étais passée tout ce temps.
« ON A DISCUTÉ DE TOUT ET DE RIEN, CE JOUR-LÀ. ON A JUSTE OUBLIÉ DE S’ÉCHANGER NOS PRÉNOMS. »
J’ai été très surprise.
J’ai expliqué que j’étais tombée malade et qu’effectivement je reprenais le travail ce jour-même après 3 semaines de maladies.
Comme le bus venait, il a repris sa place dans le rang.
Il était parmi les premiers de la file.
Quand je suis montée, il m’a fait de grands signes.
Je me suis assise à ses côtés.
On a discuté de tout et de rien, ce jour-là.
On a juste oublié de s’échanger nos prénoms.
J’y ai pensé quand j’ai voulu en parler à ma meilleure amie.
« PENDANT 2 MOIS, NOUS NOUS SOMMES VUS DU LUNDI AU VENDREDI PENDANT 1 HEURE DE TEMPS. »
Je descendais en chemin quand lui allait jusqu’à la gare. Le lendemain, même scénario sauf que cette fois la première question qu’il m’avait posée était de savoir mon prénom.
Pendant 2 mois, nous nous sommes vus du lundi au vendredi pendant presqu’une heure de temps. Ça doit être plus que certains couples mariés. Comme il semblait s’en contenter, je me suis dit qu’il aimait bien ma compagnie et c’est quand même plus marrant d’avoir un compagnon de voyage jusqu’à ce qu’il me demande de nous voir « ailleurs que dans un bus ».
MERCI À LA SOTRA
Le premier vrai rendez-vous a été un peu étrange.
Le voir dans d’autres vêtements que ses costumes trois pièces, le voir dans un cinéma, il a fallu un temps d’adaptation.
Mais ça a finalement été très agréable et l’alchimie des débuts s’est confirmée.
Mes amies me charrient et me disent que peut-être qu’elles rencontreront l’amour dans un gbaka.
Espoir 2000 a bien chanté que l’amour peut se trouver au marché d’Adjamé.
Alors, pourquoi pas ?
J’en profite pour remercier la SOTRA et l’Etat de Côte d’Ivoire et tous ceux qui de près ou de loin ont eu la géniale idée d’ouvrir la ligne de bus express dans mon quartier.