En Afrique australe et orientale, la scolarisation et la culture occidentale n’ont pas effacé les traditions. Celles concernant le sexe et le mariage résistent au temps. Et ces dernières années, elles tendent même à se développer, à se libérer. C’est le cas en Afrique du Sud, au Swaziland (appelé désormais Eswatini), au Kenya entres autres.
Il y a quelques jours, au Swaziland, Le roi Mswati III a pris une décision qui va marquer l’histoire de ce pays. Il a déclaré, en effet, que chaque homme devra désormais épouser au moins deux femmes. La raison évoquée, c’est qu’il y a plus de femmes que d’hommes. Et le roi veut que toutes les femmes aient la chance d’avoir un mari et faire des enfants. C’est vrai que ce petit royaume n’a que 1.367.000 habitants (juste un peu plus que la population de la commune de Yopougon : 1.072.000). Plus de la moitié sont des femmes. Mais de là à ordonner que « l’homme qui n’épousera qu’une seule femme ira en prison », c’est déraisonnable.
Au Kenya, en novembre dernier, des centaines de femmes ont manifesté pour protester contre le déficit d’hommes virils pour combler leurs désirs sexuels.
Au Kenya, c’est encore plus grave : en 2014, les députés ont voté une loi qui autorise les hommes à épouser autant de femmes qu’ils veulent. Malgré les protestations des femmes députées et de l’église, cette loi a été promulguée. La polygamie (toutes portes ouvertes) a ainsi été légalisée au grand bonheur des hommes qui disent que « Quand vous épousez une femme africaine, elle doit savoir que la deuxième va suivre, puis la troisième (…). C’est l’Afrique. » Et le président de la commission des Affaires juridiques et légales du Parlement kényan est formel sur la question de la tradition : « À chaque fois qu’un homme rentre à la maison avec une femme, elle est considérée comme la deuxième ou la troisième femme. Selon la loi coutumière, vous n’avez pas besoin de dire à votre épouse quand vous rentrez à la maison avec une deuxième ou une troisième femme. Toute femme que vous ramenez à la maison est votre femme », dit-il.
C’est ainsi qu’en Afrique australe, les jeunes filles continuent à faire la danse des roseaux. Cette cérémonie gigantesque au cours de laquelle des milliers de jeunes filles vierges paradent, les seins nus, devant le roi. C’est ainsi également que Jacob Zouma, qui avait deux, puis trois femmes au moment de son arrivée au pouvoir, compte six épouses. Et même après avoir quitté la présidence, il tente d’en prendre une septième.
En Afrique de l’ouest, en Guinée précisément, le parlement vient d’ajouter un ‘’frein à main’’ à la loi sur le mariage. La polygamie est certes légalisée, mais le mari doit d’abord obtenir l’accord de sa première femme avant d’en épouser une autre.
C. Simba