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Burkina : après la mort de 24 militaires dans une attaque, l’opposition demande la démission du gouvernement

Vingt-quatre soldats ont été tués lundi lors d'une « attaque d'envergure » de « groupes armés terroristes » dans le nord du Burkina Faso. C'est l'attaque jihadiste la plus meurtrière qu'ait subie l'armée burkinabè.

L’état-major général des armées burkinabè a actualisé mardi dans un communiqué le bilan de l’attaque, attribuée à des jihadistes, qui a frappé la veille le détachement militaire de Koutougou, dans la province du Soum. Alors que son précédent bilan lundi faisait état d’une dizaine de militaires tués et de plusieurs blessés, il évoque désormais 24 soldats tués, sept blessés et cinq portés disparus.

Un « conseil de défense extraordinaire » était en cours mardi au palais présidentiel à Ouagadougou, a indiqué une source sécuritaire à l’AFP.

Selon cette source, ce sont « plusieurs dizaines de terroristes à bord de motos et de pick-up » qui ont attaqué le camp. « C’est visiblement une attaque bien préparée et coordonnée par plusieurs groupes terroristes. Ils ont tiré à l’arme lourde sur le camp de base, notamment des roquettes qui ont incendié plusieurs installations, des moyens roulants et de l’armement », a précisé cette source.

Jusque-là, la plus grave attaque jihadiste jamais perpétrée contre l’armée burkinabé avait fait 12 morts à Nassoumbou, également dans la province du Soum, en décembre 2016. Une quarantaine d’assaillants, à bord de véhicules pick-up et de motos, avaient attaqué un poste militaire situé à une trentaine de kilomètres du Mali.

« Vaste opération de ratissage »
L’armée burkinabè avait aussi subi un revers sans précédent en mars 2018, lorsqu’une attaque jihadiste avait dévasté son état-major général, en plein centre-ville de la capitale Ouagadougou, faisant huit morts.

Lundi, l’attaque contre le détachement militaire de Koutougou « a débuté vers 5H00 (locales et GMT). Les assaillants ont effectué plusieurs tirs à l’arme lourde, incendiant une grande partie du camp de base et des engins », a précisé à l’AFP une source sécuritaire.

« En réaction à cette attaque barbare, une vaste opération aérienne et terrestre de ratissage a permis de neutraliser de nombreux assaillants », a assuré l’état-major, sans donner plus de détail.

« Gouvernement dépassé »
Le principal parti d’opposition du Burkina Faso, l’Union pour le progrès et le changement (UPC), a demandé mardi la démission du gouvernement, le jugeant incapable de faire face à la situation.

« Le gouvernement Dabiré a complètement échoué ». « L’UPC demande la démission pure et simple du gouvernement », « et la nomination par le président Roch Kaboré d’une nouvelle équipe qui aura pour mission première la défense de l’intégrité territoriale et la sécurité des Burkinabè », a déclaré le mouvement dans un communiqué.

Selon ce parti dirigé par Zéphirin Diabré, chef de file de l’opposition, l’équipe gouvernementale est « dépassée par la tournure des événements » et « croise à présent les bras, attendant ce que le hasard fera d’eux et des Burkinabè ».

Le nord du Burkina a été le théâtre de plusieurs attaques meurtrières ces derniers mois, mais qui ont plutôt visé des civils. Quinze personnes ont péri fin juillet dans l’attaque du village de Diblou, et en juin, au moins 51 personnes ont été tuées dans quatre attaques.

Cependant les 14 et 15 août, quatre militaires ont été tués par l’explosion d’une engin artisanal qui a fait sauter leur véhicule sur une route du Nord, puis trois policiers ont été tués dans une embuscade. Les attaques jihadistes, de plus en plus fréquentes et meurtrières, en particulier dans le nord et l’est du pays, ont fait plus de 500 morts.

Les forces de défense et de sécurité burkinabè, manquant de moyens, semblent incapables d’enrayer les attaques, et les jihadistes étendent leur influence sur des zones de plus en plus grandes. Ils disposeraient de plusieurs centaines de militants armés dans le pays, avait confié en mai une source militaire française à l’AFP.
Mi-juillet, les autorités burkinabè ont prorogé de six mois l’état d’urgence, en vigueur depuis décembre 2018 dans plusieurs provinces du pays.

Cinq États du Sahel (Mauritanie, Mali, Niger, Burkina Faso et Tchad – le G5 Sahel) ont constitué une force militaire multinationale pour lutter contre les multiples groupes jihadistes qui sévissent dans la région, mais cette force peine à monter en puissance.

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