Victoire en a marre et pour cause. A 29 ans bien tassés, elle n’a toujours pas de relation stable. On ne peut pas lui reprocher de ne pas voir essayer. Elle a tout tenté mais rien. Victoire n’arrive pas à retenir un homme dans sa vie.
« ELLE M’AVAIT TOUJOURS DIT QUE LE TRAVAIL DEVAIT ÊTRE MON PREMIER MARI. »
Quand je suis rentrée de France après avoir obtenu mon diplôme en ingénierie financière, ma principale préoccupation était de trouver un emploi. Je ne comprenais pas l’engouement de mes copines pour les relations. Elles n’avaient que ça en tête. Mon travail d’abord, le reste ensuite et ce n’est pas ma mère qui me contredirait. Elle m’avait toujours dit que le travail devait être mon premier mari. Après une longue année de galère pendant laquelle j’ai traversé des moments de doute, d’angoisse, sourde aux propos rassurants autour de moi, j’ai décroché mon premier job. J’étais aux anges ! Le graal ! J’étais soulagée de ne plus peser financièrement sur mes parents et même de pouvoir les aider.
« JE ME SUIS DONNÉ À CŒUR DANS MON MÉTIER. JE DEVAIS BÂTIR MA RÉPUTATION. »
Un rappel brutal de la réalité
Je me suis donnée à cœur dans mon métier. Je devais bâtir ma réputation. J’y suis plutôt bien arrivée. En effet, 4 ans plus tard, j’avais un poste de senior et une équipe de juniors qui me respectait. Je n’avais pas sentie que j’étais seule jusqu’au mariage de ma petite sœur. Le désert qu’était ma vie sentimentale s’est brusquement imposé à moi. Entre ça et une remarque de ma mère qui avait répondu « Si elle se décide un jour, elle ne s’intéresse qu’à sa carrière celle-là.»
« J’AVOUE M’ÊTRE DEMANDÉ SI TOUT ÇA ÉTAIT NÉCESSAIRE, PUIS J’AI SECOUÉ MES PENSÉES NÉGATIVES ET J’AI FONCÉ TÊTE BAISSÉE. »
La chasse à l’homme
J’ai programmé une réunion de crise avec mes deux meilleures amies. Nous avons élaboré au sortir de la soirée la plus drôle de notre vie un véritable plan d’attaque. Elles étaient aussi excitées que moi à l’idée de cette « chasse à l’homme ». Nous avions passé au peigne fin les éventuels prétendants. Elles m’ont donné toutes les astuces : ce qu’il fallait faire, ne pas faire, dire, ne pas dire. J’avoue m’être demandée si tout ça était nécessaire, puis j’ai secoué mes pensées négatives et j’ai foncé tête baissée. On peut dire que j’étais motivée parce que moi qui n’ai jamais flirté avec qui que ce soit, je me donnais à fond.
« TU MÉRITES MIEUX », « JE NE PEUX RIEN T’OFFRIR POUR L’INSTANT ».
Échecs en série
J’ai dû rencontrer quelques dizaines d’hommes célibataires. Tous n'étaient corrects. Passé le tri: vrais célibataires, même foi, même vision, ambition, seul une dizaine s'est révélé envisageable pour moi. J’ai même eu dans le lot 3 histoires qui ont fait plus de 6 mois, mais ne s’est concrétisé. Je n'ai pas été particulièrement pressante. J'étais avertie sur ce plan: surtout ne pas les effrayer. Donc, je me la jouais cool. Mais elles ont toutes connu la même trajectoire, avec des vitesses plus ou moins différentes. On se voit, on se plait, on s’écrit, on s’appelle, on se revoit, on se parle. Puis les choses s’espacent jusqu’à s’évanouir totalement. Il arrête de répondre à mes messages, de me rappeler et voilà. Parfois, il me donne une explication : « tu mérites mieux », « je ne peux rien t’offrir pour l’instant ». Estelle m’a conseillé de persister mais s’il est une bien une chose qui ne se force pas, c’est l’intérêt.
« JE N’AI PAS LE GÊNE DE LA FEMME, ILS DOIVENT LE SENTIR ET S’ENFUIR. »
J’ai 29 ans et sans me vanter je suis jolie, j’ai un bon boulot, je suis stable mais rien. Mes amies me répètent que ça ne doit pas être le moment. Mais si maintenant n’est pas le bon moment, quand viendra-t-il ? L'heure tourne. On vieillit. Tout ça me prenait la tête donc j’ai arrêté. J’ai laissé le plan. De toutes les façons, je n’étais plus d’humeur à badiner. J’ai beau me triturer les méninges, je ne vois pas ce que j’aurais pu changer : donner plus d’espace ? être plus à l’écoute ? être plus présente ? Peut-être … Mais aucun ne m’avait donné la possibilité de m’améliorer s’il l’avait fallu. Il y a aussi cette autre possibilité que je refuse pour l’instant : je suis pas faite pour ça! Je n’ai pas le gène de « la femme » qu’ils visualisent, ils doivent le sentir et s’enfuir.
« TOUT CE QUE JE DEMANDE C’EST UN HOMME QUI VEUT FAIRE SA VIE AVEC MOI, C’EST TROP ? »
De plus en plus fatiguée
Je simule la femme forte et indépendante devant mes amis pour ne pas les inquiéter.
Je ne manque jamais de slogan positif sur le fait que je m’aime moi-même et que cela suffira à attirer le bon quand ce sera le moment.
Mais jusque quand ?
Je refuse de laisser l’aigreur m’envahir mais elles sont de plus en plus fréquentes les nuits où je finis en larmes dans mon lit en pleurant mon sort.
Ne me dites qu’il y a pire comme problème dans la vie, ça ne me console pas.
Tout ce que je demande c’est un homme qui veut faire sa vie avec moi, c’est trop demander ?